Ils ouvrent la voie d’un axe prometteur

Enervés par une météo déplorable ayant entrainé l’annulation du rassemblement de Planeurs Ultra-Légers d’Aspres sur Buech, trois compères se sont donnés rdv à l’aérodrome de Villerupt tout au Nord de la Lorraine, où les conditions, quoique rafraichies par un vent significatif de nord-est, semblaient meilleures. A l’opposé, dans le Périgord, Thierry nous signale le même type de temps, donc des conditions à peu près homogènes sur la diagonale de la France. Jeudi de l’Ascension étant férié, les innombrables zone militaires n’étant pas actives, et le ciel prévu doté de cumulus vers 1500 à 1800m, Pascal, Rob et Patrick décident de larguer les amarres et de partir pour un vol sans retour en direction du sud sud-ouest. Vers 11:30 les 3 Swiftlight-e décollent en 5 minutes, entre 100 et 250 m/sol les moteurs sont arrêtés, et c’est parti pour la grande aventure, suivie en direct par plusieurs membres du club, grâce à la balise Spot de Pascal…

Le récit de Pascal:
La semaine de l’ascension fut marquée par une météo assez particulière: une France coupée en deux dans la diagonale NE-SO avec un régime de NE modéré et un ciel pavé de belles rues de nuages. Il nous aura fallu attendre jeudi pour décider de lancer une traversée vent arrière (la semaine nous n’aurions pu le faire, les zones militaires actives nous auraient barré le chemin).
Après de multiples discussions et consultations mto, ce seront finalement Patrick et Rob qui se joindront à moi à Villerupt LFAW (mon aérodrome d’attache). Rendez-vous est pris pour le jeudi prêt à 10:30 ailes montées.
L’ambiance est au beau fixe et nous fixons Castelnau comme but: Plus de 800 km, ambitieux mais réaliste vu les conditions des jours précédents.

La convection se fait attendre, le ciel reste désespérément bleu jusqu’à 11:00, le vent supposé de NE modéré souffle irrégulièrement de NE à E entre faible et modéré. 11:15 quelques barbulles apparaissent et nous poussent dans nos derniers préparatifs. La route est une ligne droite: Villerupt, Chaumont, Semur en Auxois, La Tuilière, Brive, Auch et Castelnau, il ne reste plus qu’à suivre le GPS.
11:30 c’est parti: Patrick attaque le premier, puis Rob et moi en dernier. Les moteurs sont coupés très bas 150m pour moi, le thermique de service est bien présent et nous propulse au plafond relativement vite. Patrick est déjà parti lorsque nous arrivons à 1600m (plafond de départ). Nous partons donc en chasse sur l’axe, prudemment au début car la convection n’est pas encore complètement établie. La traversée de la Lorraine se fait relativement bien et il nous faudra lever le pied à l’approche de Chaumont, Joinville pour moi un peu plus à l’Ouest. J’ai Patrick en radio quelques 10 kms devant plus à l’Est et j’ai perdu Rob (quelques messages radio mais trop loin derrière pour que je m’y arrête). Joinville Juvencourt, Châtillon sur Seine, je reste prudent les cums sont rares, c’est avec les barbues naissantes que je progresse. Arrivé sur le Morvan ca monte plus haut et le vent forcit carrément, c’est maintenant du Nord 35 à 40 km/h. Les thermiques sont turbulents, il vaut mieux rester haut, le passage du Morvan se passe bien pour moi et moins bien pour Patrick qui rame en radada. Je lui passe devant et c’est moi qui annonce maintenant le plus faible kilométrage vers Brive (pas de nouvelles de Rob).

Derrière le Morvan ca se gâte les thermiques sont petits faibles, le ciel se voile et nous écartons un peu vers le soleil à l’Ouest. Ca fait maintenant plusieurs dizaines de km que je marsouine  entre 1200 et 700 m avec des points bas à 200 m sol. Je cherche une zone vachable, malheureusement la piste de la Tuillière n’est pas fauchée. Une recherche sur mon Oudie me donne plusieurs aérodromes dans les 15-20 kms (Montluçon, Lurcy Levis). C’est ce dernier que je choisis, Montluçon est un grand aérodrome restreint avec un AFIS, j’opte pour le calme d’un aérodrome de campagne ce sera donc Lurcy. Mise en route du moteur et je flotte pendant près de 15 km pour me poser sur une belle piste malheureusement pas fauchée. Ca se passe bien, il n’y a pas un chat et c’est entièrement clôturé. Le temps de sortir et de me débarrasser de mon harnais que je vois Rob arriver au moteur sur la fin de piste. Quelle aubaine, je ne serais pas seul pour les heures d’attentes qui vont suivre.Patrick lui aura réussi à continuer un peu 60 km environ, il se posera au Sud de Montluçon dans la Creuse.  

Ma voiture et remorque arrive à 20:30, Rob décide de laisser son Swift ouvert derrière le hangar de l’Aéroclub et nous partons chercher Patrick. Récup de Patrick (il devra laisser son aile dans les champs bien à l’abri) vers 22:30 et recherche d’un hôtel à Montluçon que nous atteindrons vers 23:30.
Quelle aventure, exaltant, aucun état d’âme sur la complexité de ce qui va suivre. Le spirit de nos jeunes années, lorsque nous partions en cross sans se poser la question du retour. Le lendemain retour en voiture à Villerupt pour récupérer les véhicules et remorques. Pour Patrick et Rob ce n’est que le début de la navette puisqu’il leur faut redescendre à Montluçon pour récupérer leurs ailes.

Avec la météo des jours d’avant nous aurions fait nettement mieux, nous le referons c’est sûr maintenant.

En bleu, Pascal, en violet Rob, en rouge Patrick

Les chiffres issus de l’analyse* des vols par SeeYou:
Patrick: 471km, 66km/h de moyenne, Vz moyenne 1,3m/s, Finesse moyenne 29 à 103km/h de vitesse sol
Pascal: 406km, 65km/h de moyenne, Vz moyenne 1,3m/s, Finesse moyenne 29 à 100km/h de vitesse sol
Rob: 395km, 62km/h de moyenne, Vz moyenne 1,5m/s, Finesse moyenne 26 à 103km/h de vitesse sol
Le record du monde de 700km détenu par Manfred Ruhmer peut être battu en France avec une météo optimale, ce qui n’était de loin pas le cas ce jeudi de l’Ascension… 🙂
* sous réserve de l’inclusion ou non des courtes phases de vol au moteur, en fonction du type d’enregistreur de vol utilisé par chaque pilote

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